On ne vous a pas entendu chanter depuis la fin de Beady Eye il y a trois ans. ça ne vous a pas mangé ?
Fuck man, bien sûr que si ! le rock'n'roll, c'est ma vie ! Ce n'est pas juste un job, je mange rock'n'roll, je dors rock'n'roll, je baise rock'n'roll, you know what I mean ? Je suis le rock'n'roll man !
Jusqu'à aujourd'hui, vous avez toujours chanté en groupe. ça fait quoi de vous retrouver en solo à 45 ans ?
Être en groupe ou en solo, ça ne change pas grand chose. Le principal, c'est la musique man. Très honnêtement, j'aurais préféré rester en groupe, mais vu que mes deux formations précédentes ont foiré, je n'ai pas eu le choix... Je n'ai jamais été de ces connards égocentriques qui veulent être seuls aux commandes, pour montrer à la Terre entière qu'ils sont des génies. J'emmerde les connards égocentriques. Je me contente de faire mon truc, dans mon coin, et je vois ce que ça donne. Tout ce qui m'importe, c'est amener un peu de joie aux gens, comme lorsque j'ai donné ce concert caritatif après les attentats meurtriers de Manchester, ma ville de cœur.
Votre précédent groupe, Beady Eye, s'est séparé en 2014. Êtes-vous toujours en contact avec Gem Archer, Andy Bell et tous les autres ?
Franchement, je n'ai pas vraiment de nouvelles. Je sais que Chris Sharrock joue désormais avec mon frère. Je trouve ça drôle d'être à ce point une girouette, mais bon, c'est la vie ! En tut cas, on n'a pas eu beaucoup de succès avec Beady Eye, alors ça en dit long sur le prochain album de Noel ! À mon avis, il va être bien pourri ! Andy Bell a, quant à lui, reformé Ride, ce qui est une bien meilleure nouvelle pour mes oreilles. Alors comme je me suis retrouvé seul et qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, j'ai décidé de me remettre à l'écriture.
Il parait aussi que vous avez pris des vacances, à Ibiza et Majorque.
Ouais, ça c'était après la séparation de Beady Eye. Sur le coup, je pensais me retirer complètement de la musique. Je suis parti au soleil avec ma nana, pour me dorer la pilule. J'étais persuadé que ces vacances dureraient toute la vie, je ne voulais ni entendre parler d'Oasis, ni de quelque musique que ce soit. J'avais besoin d'un break. Je ne pouvais plus saquer l'Angleterre, dès que je sortais de chez moi, les gens ne me parlaient que d'Oasis. Fuck Oasis ! Puis j'ai eu cette proposition de contrat pour faire cet album solo. J'ai fait mes bagages, et je suis rentré au pays pour me remettre au turbin.
Les groupes Mancuniens ont toujours aimé les îles espagnoles, on se rappelle des séjours épiques de New Order et des Happy Mondays. Comment expliquez-vous cette attraction ?
La météo, le soleil, la bouffe... Et puis, là-bas, les gens ne me reconnaissent pas dans la rue. Je pouvais passer la journée sur la plage, personne n'en avait rien à foutre. C'était agréable, mais au bout d'un moment, je dois bien avouer que je me faisais un peu chier. Je veux dire, je suis taillé pour le rock'n'roll, pas pour faire bronzette toute la vie, you know what I mean ? Mais ce que j'aime par dessus tout, c'est le fait de manquer aux gens. Les gens ont besoin d'un Liam Gallagher dans leur vie, c'est nécessaire. Alors, il fallait bien que je m'y remette, au moins pour eux.
Et comment vous vous sentez aujourd'hui ?
Super ! Je suis un fuckin' punk ! J'ai toujours été un punk, mais encore plus aujourd'hui. Personne ne me dit ce que j'ai à faire, je marche à l'instinct, je suis un taré, mec. Et si je suis de retour, c'est pour vous secouer, parce que l'industrie musicale, c'est de la merde aujourd'hui. Je ne peux même plus écouter la radio tellement ça pollue mes oreilles. il est temps de remuer toute cette merde. C'est pour ça que je n'avais pas le droit à l'erreur, c'est pour ça que mon album est un putain de bon album. Le meilleur de l'année !
Le disque s'appelle As You Were. Doit on voit ce titre comme une certaine forme d'introspection ?
Pas vraiment. En anglais, As You Were est une expression à double sens. C'est un terme militaire qui signifie que les soldats peuvent se reposer. Je comprends que les gens fassent l'analogie entre ce titre et moi, mais personnellement, je le vois davantage comme 'faire un putain de disque, être de retour dan sle business, puis se décontracter pour en profiter'.
Nous n'avons pas encore écouté le disque dans son intégralité, mais nous avons pu avoir un aperçu de cinq chansons. Parlez-nous de "Bold", apparemment, c'est là que tout a commencé...
Ouais, c'est le premier morceau que j'ai composé pour ce disque. Je me rappelle qu'à l'époque, je passais toutes mes journées sur le canapé à boire et à ne rien branler. Un jour, ma copine m'a dit : "Sérieusement, qu'est-ce tu fiches ? Tu dois te sortir de là ! Tu passes tes journées le cul sur le canapé à descendre des bières et à regarder la télé, tu fais que te plaindre, mais tu ne fais rien pour avancer. Tu es Liam Gallagher, merde, faut te remettre au boulot !"
À un moment, ça a fait clic : j'ai pris une guitare et j'ai gratté des accords. Au bout de quelques minutes, je tenais la mélodie de Bold. Puis il y a eu When I'm In Need, et puis un autre titre, ... C'est aussi simple que ça. J'ai enregistré mes idées sur le dictaphone de mon téléphone, puis je les ai fait écouter à ma maison de disques. Ils m'ont demandé si j'avais d'autres morceaux, je leur ai dit que non, mais que ce n'était pas un problème, que je me sentais inspiré. C'est eux qui m'ont envoyé à Los Angeles pour travailler avec Greg Kurstin, qui m'a aidé à finaliser tout ça. Parce qu'à la base, je ne suis pas un musicien accompli, il fallait qu'on me file un coup de main.
Avez-vous parfois besoin de quelqu'un comme votre copine, pour vous mettre un bon coup de pied au derrière ?
Ouais, j'ai tendance à me laisser aller... Je suis un putain de diesel, man, j'ai besoin qu'on me motive, mais quand je suis parti, on ne peut plus m'arrêter. En l'occurrence, ma copine a eu raison de me bouger, je devenais pathétique, rien qu'en y repensant, je me file la nausée.
Cette mauvaise passe, ça ressemble à une petite dépression, non ?
Ouais, peut-être... C'est vrai que j'avais pas trop le moral à ce moment-là. J'avais plus de groupe, j'étais seul, j'en avais marre. Je pensais vraiment avoir atteint le bout de la route, que la musique c'était bel et bien terminé pour moi, qu'il fallait que je passe à autre chose. J'étais persuadé que, sans un groupe pour m'épauler, je n'arriverais plus jamais à écrire un morceau. Je m'étais bien trompé, car les douez chansons du disques viennent du plus profond de moi. Ça a fini par sortir, finalement !
Les chansons que nous avons écoutées sonnent comme du pur Liam Gallagher. Personne n'a essayé de vous forcer la main pour vous faire faire autre chose ?
Pas vraiment. Je sais qu'il y a des gens qui aimeraient me voir sortir un disque de danse à la Ian Brown, un putain de cliché bien baggy à la Manchester. Mais ce n'est pas vraiment mon délire. Je suis les Sex Pistols et John Lennon dans un seul et même corps, je ne suis bon qu'à une chose : faire du rock'n'roll.
En écoutant "Bold", on retrouve les qualités d'écriture qui avaient été les vôtres sur "Im Outta Time". Preuve que vous êtes capable de composer de vrais classiques !
Merci man ! J'adore ces deux morceaux. "Im Outta Time" a été un vrai déclic dans ma carrière. Je me rappelle que lorsque je l'ai écrit, j'ai tout de suite ressenti une immense fierté, comme si je comprenais pour la première fois que j'étais capable d'écrire de belles chansons. C'est vraiment le titre qui m'a poussé dans la bonne direction, c'était un peu mon ticket gagnant de loterie, you know what I mean ?
En entendant "For What It's Worth" et "Wall of Glass", on se dit qu'après toutes ces années, John Lennon reste encore et toujours votre super héros !
Sans aucun doute ! C'était le meilleur d'entre tous. À chaque fois que j 'ai un micro en face de moi, je pense à John Lennon. Je crois qu'il est mon ange gardien, je ressens sa présence parfois à mes côtés. C'est vrai que "Wall of Glass" a un petit côté "Cold Turkey", un truc très New York, avec en plus une paire de couilles à la Oasis. Et puis, il y a cet harmonica à la "Swamp Song", joué ici par Greg Kurstin.
C'était comment d'enregistrer à Los Angeles ?
L'enregistrement était cool, mais je n'aime pas trop cette ville. Elle est bien trop grande, alors comme je n'ai pas le permis, je ne peux pas vraiment me déplacer... Cette ville est carrément extrême, tout est dans les excès, il n'y a pas de juste milieu. D'un côté, tu as les hipsters défoncés au jus de carotte, et de l'autre tu as les camés avec une aiguille dans le bras. C'est un endroit étrange. Et puis, il y fait trop chaud, beaucoup trop chaud, impossible de respirer ! J'ai cru que j'allais crever !
Vous enleviez votre parka quand même ?
Pas moyen mac ! Jamais sans ma parka ! Je déteste me balader en tee-shirt, j'ai l'air d'un trou du cul. Alors, en toute circonstance, je porte ma parka. Mais ça peut vous causer quelques ennuis à Los Angeles, les flics ont tendance à vous trouver suspect et ils n'hésitent pas à vous coffrer. Au moins en Angleterre, je peux me fondre dans le décor !