Interview (French)
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Liam Gallagher : "Personne n’a jamais été mon boss. Certainement pas Noel"
Paris Match | Publié le 20/10/2017 à 20h30
Liam Gallagher
François Berthier / Paris Match
Sans son frère ennemi d’Oasis, le chanteur prouve avec son premier album, « As You Were », qu’il peut faire chavirer les foules en solo.
Paris Match. Après la séparation de Beady Eye, as-tu pensé arrêter la musique ?
Liam Gallagher. Arrêter, non, parce que j’ai toujours fait de la musique à la maison. Mais je n’en pouvais plus du monde de la musique, qui me faisait profondément chier. J’avais plutôt envie d’aller vivre dans un pays chaud, de bien manger, d’être en forme. De me remettre les idées en place. Le groupe s’est séparé, j’ai divorcé, du coup j’ai vécu pas mal de trucs compliqués. Donc j’avais besoin d’un break. Mais pas un break de musique. J’ai écrit mes chansons au fur et à mesure et cela m’a probablement fait du bien.
Avais-tu peur d’écrire seul ? Tu n’as signé qu’une dizaine de titres avec Oasis…
Il y a toujours eu des gens autour de moi qui proposaient des choses fortes. Au sein d’Oasis, Noel écrivait la plupart des chansons ; avec Beady Eye, le travail était partagé. Alors que, cette fois, c’est 90 % moi. Mais je ne me suis pas dit que j’allais écrire sur ma mère, ma fiancée ou sur combien j’ai pu rater de choses avec mes enfants. Ce n’est qu’après coup que tout ça a pris un sens…
Cela t’a manqué de ne pas avoir d’alter ego pour travailler ?
Je préférerais de loin faire encore partie d’Oasis. Mais la vie fait que ce n’est pas possible. En tout cas, personne n’a jamais été mon boss. Certainement pas Noel. En fait, j’aime bien ma propre compagnie : je me réveille à 5 heures, sauf si j’ai picolé la veille, je me lève à 6 heures et je passe la journée avec moi-même.
Es-tu heureux de la manière dont ton disque est reçu ?
Cela veut dire que les gens ont toujours envie de me voir chanter. Et je sens que j’ai encore ça en moi. Avec les bons titres, le bon groupe, je reste l’un des meilleurs chanteurs du moment. Mais j’avais besoin de le prouver.
Que penses-tu de ton parcours jusqu’à aujourd’hui ?
Je suis plutôt content. On a quand même vendu des millions de disques, on a donné des concerts déments. J’ai connu des problèmes mais la vie est faite de turbulences. Et puis j’ai pris les choses comme elles venaient. Quand on a enregistré “Live Forever”, je pensais vraiment que je serais immortel. Je me suis résolu au fait que j’allais mourir un jour, mais ça me va. Se réveiller tous les matins est un miracle. Donc oui, j’ai 45 ans, et j’ai très hâte d’en avoir 85 !
Tu déclares vouloir être un meilleur homme. Ça signifie quoi ?
Que j’essaie de réparer les conneries avec mes enfants, que j’ai pu laisser tomber parfois. Mais on a fait la paix, on passe plus de temps ensemble. Mon fils (Lennon) est à Paris en ce moment parce qu’il est mannequin pour des photos de mode. Mais je n’ai pas foiré leur éducation, ils ont quand même eux aussi une belle vie.
Tu parles peu de ton autre frère, Paul. Les relations avec lui sont-elles aussi compliquées qu’avec Noel ?
On est très proches, il fait même le DJ avant mes concerts parfois. Si on s’entend bien, c’est justement parce qu’il n’était pas dans la même bulle que Noel et moi. Avec Noel, nous avons vécu le succès ensemble et cela impliquait forcément des tensions. Paul a toujours été loin de tout ça, il vit dans la réalité, lui. On se voit à Londres, on parle de tout, du foot, de la politique, des conspirations autour des stades de foot qui ressemblent de plus en plus à des vaisseaux spatiaux. Ce genre de sujets majeurs…
Tu aimes la vie à Londres, tu te sens anglais ?
Oui, parce que je déménage tous les cinq ans. Je suis comme un “gipsy”, qui aime bien être sur la route. Mais je me suis fixé comme but de vivre à Paris d’ici à cinq ans. C’est une ville où je me sens bien, tellement proche de l’Angleterre. Pour répondre à ta question, j’aime la culture anglaise, mais j’aime aussi la mode française [Hedi Slimane signe la pochette de son album, NDLR] ou le foot italien. Je suis universel !
« As You Were » (Warner).
La chanson qui a changé ta vie ?
« Imagine », de John Lennon. Mais celles des Stone Roses sont celles qui m’ont donné envie de rejoindre un groupe.
La chanson que tu aurais aimé écrire ?
« Are You Experienced », de Jimi Hendrix.
La chanson qui te fait du bien ?
« 24 Hour Party People » des Happy Mondays.
La chanson qui te fait pleurer ?
« Isn’t It a Pity » de George Harrison.
La chanson que tu fais écouter à tes enfants ?
Ils écoutent leurs propres trucs, ils aiment beaucoup Grimes en ce moment.
La chanson d’Oasis que tu préfères ?
« Live Forever ».
La chanson d’Oasis que tu détestes ?
Aucune.
Photos (taken on 2017.09.23)
Photo by François Berthier
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